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Qu'est-ce que l'embourgeoisement ?

Tout d’abord, tentons une définition du phénomène de l’embourgeoisement.

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Peut-être le terme anglophone gentrification, couramment utilisé, et référant aux mêmes faits observables, est plus familier pour certains. Peu importe la version utilisée, ou les publications francophones ou anglophones consultées, une définition s’avère complexe puisque les théoriciens, à travers l’histoire et présentement, ne s’entendent pas tout à fait sur son origine et sur ses impacts. De plus, le terme peut être utilisé pour témoigner de modifications apportées au bâti, mais certains s’y réfèrent plutôt pour exprimer ses conséquences sur la population touchée. (Comité habitation Sud-Ouest, 2006)

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Origine de l'embourgeoisement

C’est en 1964 qu’on utilisa pour la première fois le terme anglais gentrification, dans une publication de Ruth Glass. Inventé par la sociologue anglaise, il désigne un processus de revitalisation se déroulant dans les années 60, à Londres, où le bâti populaire du quartier d’Islington était réhabilité par des ménages plus aisés. Les classes ouvrières étaient alors évincées de leur quartier d’origine. Il s’agit donc d’une vision d’un phénomène ayant une petite échelle, soit une échelle locale. (CLERVAL, 2016)

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Dans la seconde moitié des années 60 et dans la décennie suivante, Neil Smith, géographe écossais, et David Ley, géographe anglais et professeur au Canada, tentent de poser les bases de ce phénomène dès lors observé dans diverses villes occidentales. Deux approches ou visions de celui-ci s’opposent alors. Monsieur Smith juge que le processus d’embourgeoisement est davantage

Déplacement des classes sociales dites populaires

Source : http://labrique.net/IMG/jpg/1fab.jpg?1412848576

lié aux aspects économiques du marché immobilier. Soit au rent-gap, qui est une différence importante entre la valeur immobilière actuelle (basse) et la valeur potentielle, qui génère des investissements privés ou publics. Neil croit plutôt que le phénomène est induit par un retour plus naturel des gens à la ville. Il y a donc une hausse de la demande des logements situés dans les centres-villes par les classes moyennes croissantes et désirant des temps de transport moins longs. Les valeurs influencent aussi ce désir en ville. En effet, on développe à cette époque un nouvel intérêt culturel pour les résidences et secteurs porteurs d’histoire. (BIDOU, ZACHARIASEN et CATHERINE, 2003)

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L’embourgeoisement se pose aujourd’hui dans un contexte de globalisation, tel que l’expose le recueil de textes édité par Rowland Atkinson et Gary Bridge, maitres conférenciers traitants de l’urbanisme. On observe le phénomène dans les villes du sud où l’on favorise l’élite blanche, ce qui est, d’après Shaw, une nouvelle forme de colonialisme. Selon N.Smith, il est aussi en voie de devenir une politique urbaine néolibérale, employée par les municipalités avares de taxes. De plus, ces instances publiques s’inspirent de stratégies d’aménagement qui ont fonctionné ailleurs, alors que le contexte local est déterminant afin de limiter l’embourgeoisement. (ATKINSON et BRIDGE,  2005)

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Ce sont aussi des conditions locales qui peuvent favoriser l’émergence de l’embourgeoisement. Par exemple, une croissance au niveau de l’emploi, souvent dans le secteur tertiaire, et un taux de vacance des appartements faible, pourraient générer un déplacement de population afin de loger les nouveaux travailleurs. Ainsi, un boom économique, une saturation du marché immobilier ou des politiques ou investissements dans les services sont des facteurs contribuant à l’embourgeoisement des centres-villes, au même titre que la congestion automobile ou les mauvais services de transports en commun qui incitent à un retour en ville. (Comité habitation Sud-Ouest, 2006)

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Impacts de l'embourgeoisement

Pour l’instant, le déplacement de populations ayant de faibles revenus est le seul impact de l’embourgeoisement ayant été abordé, alors que plusieurs autres effets négatifs, parfois issus de ce changement démographique, en découlent. Notons aussi que la gestion de l’embourgeoisement dans un quartier peut initier certains évènements bénéfiques pour ce dernier. Voici un tableau récapitulatif des effets négatifs et positifs du phénomène selon la littérature consultée et déjà citée dans les sous-sections précédentes.

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L'embourgeoisement aujourd'hui

De manière générale, il s’agit d’un «phénomène à la fois physique, économique, social et culturel. [Il] implique non seulement un changement social, mais aussi un changement physique du stock de logements, à l’échelle de quartiers, enfin un changement économique sur les marchés fonciers et immobiliers» (SMITH dans BIDOU,ZACHARIASEN et CATHERINE, 2003). Ce qui est important d’établir dès maintenant, c’est son effet le plus pervers, soit le déplacement des classes populaires au profit de personnes mieux nanties (ATKINSON et BRIDGE, 2005), résultant souvent d’une revitalisation urbaine.

EMBOURGEOISEMENT : THÉORIE

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